Quand le Mossad trame au Pays des cèdres

Publié le par Adriana Evangelizt

Quand le Mossad trame au Pays des cèdres


par Stefano Chiarini




" Cette fois cependant, la demande de justice des habitants de Sidon semble avoir été en partie satisfaite et les forces de sécurité libanaises ont découvert, pour la première fois, un network sophistiqué qui aurait accompli des dizaines d’attentats pour le compte des services secrets israéliens."


Une Mercedes grise réduite à un amas de tôle bien en vue au quartier général des services secrets militaires dans la banlieue de Sidon. C’est ce qui reste de l’explosion qui, le 26 mai dernier, a tué Mahmoud Majzoub, chef militaire du Jihad Islamique au Liban, et son frère Nidal, lui aussi militant de l’organisation.

La voiture, garée devant chez eux, a explosé dès que les deux militants palestiniens sont sortis de la maison pour aller travailler. Une charge ni trop forte ni trop faible, pratiquement parfaite.

Le meurtre des deux frères a secoué profondément les habitants de Sidon - proches depuis toujours de la cause palestinienne, pour laquelle ils ont payé le prix fort (2000 victimes dans les bombardements de 1982) - et les rues de la ville ont vu ces jours-ci défiler d’imposantes manifestations unitaires.

Par milliers, libanais et réfugiés palestiniens du camp voisin de Ein el Helwe (90 000 habitants) ont répondu à un appel à manifester lancé par les mouvements nationalistes arabes et nassériens (sunnites), traditionnellement hégémoniques en ville, les mouvements chiites du Hezbollah et de Hamal, divers groupes palestiniens et, avec la solidarité, même, du Mouvement patriotique libre de l’ex-général chrétien maronite Michel Aoun.

En pratique, le nouvel axe de la coalition interconfessionnelle (avec le représentant maronite prosyrien Suleiman Franjieh et le sunnite de Tripoli Omar Karame) qui s’oppose : à un nouveau mandat colonial sur le Liban des Usa et de la France, au désarmement de la résistance palestinienne et libanaise et à une rupture des rapports avec Damas, programme qui avait été avancé par la majorité du gouvernement d’unité nationale dont font partie le premier ministre Foud Siniora, la Hariri Inc sunnite, les Forces phalangistes de Samir Geagea, protagoniste du massacre de Sabra et Chatyla et le leader druze Walid Jumblatt.

Cette fois cependant, la demande de justice des habitants de Sidon semble avoir été en partie satisfaite et les forces de sécurité libanaises ont découvert, pour la première fois, un network sophistiqué qui aurait accompli des dizaines d’attentats pour le compte des services secrets israéliens.

Le chef du groupe serait un citoyen druze de l’ex-zone occupée par Israël, ex-fonctionnaire des forces de sécurité libanaises, ex-officier dans les milices pro israéliennes du sud Liban du général Lahad, ainsi que petit-fils d’un représentant du Parti Socialiste progressiste de Walid Jumblatt.

Mahmoud Rafeh, suspect numéro un, aurait avoué être responsable de quatre attentats dans lesquels ont été tués, outre Mahmoud et Nidal Majzoub, les représentants du Hezbollah Ali Hassan Dieb, (Abra 16 VIII 1999) et Ali Saleh (Beyrouth sud, 2 VII 2003) et le palestinien Jihad Jibril.

La base des opérations aurait été une villa du centre sud libanais de Hasbaya appartenant à Mahmoud Rafeh, où les enquêteurs ont trouvé, dans le garage, des appareils de communication sophistiqués, des communications interceptées avec leurs documents chiffrés, les dossiers sur deux représentants du Jihad tués, des faux papiers, et des uniformes militaires.

Parmi les membres du groupe identifiés et maintenant recherchés, il y aurait aussi un militant palestinien du camp de Ein el Helwe, Hussein Kattab, déjà arrêté parce qu’il était suspecté d’être compromis dans l’assassinat de Jihad Jibril, puis remis en liberté à la suite d’une intervention de certains cheiks islamistes sunnites.

Mahmoud Rafeh aurait été recruté par le Mossad en 1994, sur proposition de Alameddine Badaoui, responsable des services de la milice pro israélienne du Sud Liban, en fuite en Israël.

La découverte du groupe des agents qui travaillaient pour les services secrets israéliens est en train d’avoir de profondes répercussions politiques sur la scène libanaise.

Le parti chiite Hezbollah, et les autres mouvements d’opposition à l’axe pro Usa, commentant l’épisode, ont rappelé combien Israël constitue encore une menace pour le Liban et, en conséquence la nécessité de ne pas désarmer la résistance, et de ne pas « exclure de la liste des suspects des homicides et des attentats qui ont eu lieu au Liban » les services de Tel Aviv.

Une référence claire aussi à la possibilité d’une implication israélienne dans l’attentat de l’ex-premier ministre Rafiq Hariri, tué le jour de la Saint Valentin en 2005.

Stefano Chiarini
Envoyé spécial à Sidon - Edition de samedi 17 juin 2006 de il manifesto
http://www.ilmanifesto.it/Quotidian...
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio - reçu de Nadine Ghys


Sources CCIPPP

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans MOSSAD AU LIBAN

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