LE SHIN BETH A L'OEUVRE

Publié le par Nikita Colonna-Santana

Après la libération de Vanunu, c'est la chasse aux sorcières


par Michel Giorgio, Il Manifesto,

 

Peter Hounam a été arrêté il y a quelques jours après avoir parlé à Mordechai Vanunu, l'homme qui a dévoilé qu'Israël produisait des armes nucléaires.


Il a été libéré jeudi dernier, après avoir passé une poignée d'heures dans un centre de détention israélien. Peter Hounam, le journaliste britannique qui, en 1986, a dévoilé, dans les colonnes du Sunday Times, «les secrets de la bombe atomique israélienne», à travers les révélations de Mordechai Vanunu, l'ancien technicien nucléaire de la centrale de Dimona, dans le désert du Néguev. Celui-ci a été libéré le 21 avril dernier, après dix-huit ans de prison. M. Hounam, 60 ans, a été arrêté, mercredi soir, à Jérusalem, par les agents du Shin Bet, les services secrets israéliens pour les affaires intérieures. La libération rapide du reporter signifie que les accusations à son encontre étaient inconsistantes. Cette relaxe met en mauvaise posture Danny Seaman, le chef de la communication du gouvernement hébreu. Celui-ci avait en effet affirmé que M. Hounam constituait un danger pour la sécurité nationale du pays. En réalité, le journaliste a été arrêté pour la simple raison qu'il a osé approcher M. Vanunu, en violant les règles, imposées par les services secrets, qui limitent de façon draconienne les mouvements de l'ancien technicien nucléaire.

Pression maximale


Les hommes du Shin Bet ont séquestré les films que M. Hounam a tournés, en particulier ceux qui montrent M. Vanunu discutant avec Yael Lotan, le leader du mouvement anti-nucléaire israélien. L'arrestation du journaliste n'est pas la seule action effectuée par les forces de l'ordre dans celle qu'il est convenu d'appeler une «chasse aux sorcières». Entre mercredi et jeudi derniers, un autre journaliste, Chris Mitchell, et un caméraman de la BBC (le groupe télévisuel britannique pour lequel M. Hounam était en train de réaliser un documentaire sur Mordechai Vanunu), ont été interpellés. Ce qui confirme que les autorités israéliennes entendent maintenir une pression maximale sur M. Vanunu, considéré comme un «traître» par la majorité de ses concitoyens. Mais l'ancien technicien continue de recevoir le soutien et la solidarité de la communauté internationale, qui le considère comme le fer de lance de la lutte contre la prolifération des armes nucléaires au Proche-Orient.


L'arrestation de M. Hounam représente, en même temps, un message d'intimidation adressé aux médias internationaux qui, contrairement aux médias israéliens, n'ont en aucun cas la permission de rencontrer M. Vanunu. Les journalistes étrangers qui violent les dispositions imposées par les services secrets risquent la prison et le retrait de leur accréditation. Converti au christianisme depuis le jour de sa libération, M. Vanunu vit dans un appartement à l'intérieur du complexe de la cathédrale anglicane de Saint George, à Jérusalem Est. Il s'est procuré un ordinateur et, grâce à internet, il reçoit des dizaines de messages chaque jour. Nombre de personnes se rendent aussi à son domicile pour lui rendre visite et lui exprimer toute leur solidarité.

 

Ténacité intacte


Récemment, M. Vanunu a été vu dîner au Jérusalem Hôtel, où logeait Peter Hounam qui est devenu, après l'interview de 1986, l'un de ses meilleurs amis. Lors de son dernier séjour en Israël, le journaliste a été aidé par le frère de Mordechai, Meir Vanunu, avocat, qui s'est transféré à Jérusalem, où il gère les contacts avec les médias internationaux. «Mon frère a le droit de voir et de parler avec qui il veut. Il a le droit de se refaire une vie. Mordechai continuera son combat jusqu'à ce qu'on ne lui permettra pas de quitter Israël», nous a-t-il dit, il y a quelques jours. Ses mouvements sont surveillés par les agents du Shin Bet qui, faisant semblant d'être des touristes ou des badauds, observent et enregistrent tous ceux qui entrent dans la cathédrale de Saint George.

Cette église se situe à quelques dizaines de mètres du célèbre American Colony Hotel, qui héberge les reporters envoyés par les journaux du monde entier et qui veulent rencontrer M. Vanunu. Mais en réalité, celui-ci n'a guère plus à raconter sur les secrets nucléaires israéliens que ce qu'il avait déjà révélé, en 1986, au Sunday Times<$>. Ses informations concernant la centrale de Dimona datent d'il y a vingt ans. Ce qui fait peur aux autorités israéliennes, c'est plutôt la capacité de M. Vanunu d'obtenir un large appui international à travers les journaux, les radios et les télévisions étrangères, car l'ancien technicien n'a pas perdu une once de sa ténacité et de son courage pour affirmer qu'Israël possède des armes nucléaires alors que, officiellement, sur le papier, elles n'existent pas.

 

Sources : http://quibla.net/palestine/pal86.htm

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans LES COUPS DU SHIN BETH

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