Le procès des espions de l'AIPAC

Publié le par Adriana Evangelizt

 

Eux ou Nous

Le Procès de l'Aipac

par James Petras

CounterPunch,

traduit de l'anglais par Jean-François Goulon

Août 2004 : le FBI et le bureau de contre-espionnage du Ministère de la Justice des Etats-Unis annoncent qu'ils enquêtent sur un analyste de haut rang du Pentagone, Larry Franklin. Celui-ci est suspecté d'espionnage au profit d'Israël et d'avoir remis à l'AIPAC des documents hautement confidentiels sur la politique américaine vis-à-vis de l'Iran. L'AIPAC les aurait remis à son tour à l'Ambassade d'Israël.

Le FBI a mené pendant plusieurs années, avant de les inculper pour espionnage, des investigations secrètes sur le chef-analyste du Pentagone, Larry Franklin, et sur les dirigeants de l'AIPAC, Steven Rosen et Keith Weissman.

29 août 2005 : Comme l'on s'y attendait, l'Ambassade d'Israël rejette formellement les accusations d'espionnage. Le même jour, Larry Franklin est accusé publiquement d'espionnage. Il faut savoir que Franklin travaillait en étroite collaboration avec
Michael Ledeen[1] et Douglas Feith. Ce dernier étant alors sous-Secrétaire à la Défense au Pentagone et en train de monter de toutes pièces le dossier qui conduisit à la guerre d'Irak. Franklin, lui, était chef-analyste sur les questions iraniennes — l'Iran figurant sur la liste de l'AIPAC en tête des cibles de guerre.

Au moment où l'enquête procéda à des inculpations officielles pour espionnage, le lobby pro-israélien (l'AIPAC) se joignit aux idéologues néoconservateurs pour donner une réponse à deux niveaux. En premier, ils émettaient un doute sur le fait que "transmettre des documents" constituait un crime, prétendant que cela impliquait des "échanges routiniers d'idées" et qu'il s'agissait de lobbying ; ensuite, les officiels et les médias israéliens rejetaient tout lien entre Israël et Franklin, minimisant l'importance de ce dernier dans les cercles de décision, tandis que d'autres se portaient garants de son intégrité.

À Washington, l'enquête du FBI sur ce réseau d'espionnage s'est renforcée et a conduit à l'interrogatoire de deux membres de haut rang du Bureau des Plans Spéciaux (Office of Special Plans — OSP), dirigé par Douglas Feith : William Luti et Harold Rhode. L'OSP avait pour tâche de fournir les renseignements bidons qui conduisirent les Etats-Unis à attaquer l'Irak. Le chef-enquêteur du FBI, Dave Szady, fit remarquer que l'investigation du FBI impliquait des écoutes, une surveillance secrète et une photo prouvant le transfert d'informations classifiées de Franklin vers les hommes de l'AIPAC, puis vers les Israéliens.

L'investigation "Franklin-AIPAC-Israéliens" était bien plus qu'une simple affaire d'espionnage. Elle mettait en jeu l'avenir des relations entre les Etats-Unis et le Moyen-Orient. Et tout particulièrement, elle remettait en cause la capacité des "néocons" à pousser les Etats-Unis vers une confrontation militaire avec l'Iran. En tant qu'analyste supérieur du Pentagone, spécialisé sur l'Iran, Franklin avait accès à toutes les délibérations de la branche exécutive sur tout ce qui touchait l'Iran. Le lobbying de l'AIPAC et sa collecte d'information avaient pour but de promouvoir de façon agressive l'agenda israélien en vue d'une confrontation USA-Iran, et cela malgré l'opposition forte du Département d'Etat, de la CIA, du renseignement militaire et des commandants sur le terrain.

4 mai 2005 : Arrestation de Franklin.

4 août 2005 : Arrestation du directeur de la recherche en politique étrangère de l'AIPAC, Steve Rosen, et du spécialiste de l'Iran et directeur-adjoint de l'AIPAC en charge de la politique étrangère, Keith Weissman.

Ces arrestations furent un coup direct terrible porté sur l'agenda guerrier Israël-AIPAC pour les Etats-Unis. L'enquête du FBI se déroula prudemment avec l'accumulation, pendant plusieurs années, de renseignements détaillés. La prudence était dictée par l'influence politique énorme que l'AIPAC et ses alliés de la Conférence des Présidents des Principales Organisations Juives exerçaient sur le Congrès, les médias et au sein des Chrétiens Fondamentalistes. En effet, ces derniers auraient pu exercer leur influence lorsque ceux qui étaient accusés d'espionnage seraient conduits au tribunal.

29 août 2004 : Le premier coup contre l'enquête est porté lorsque CBS rendit publique l'investigation du FBI, juste au moment où Franklin confessait avoir transmis des documents hautement confidentiels à un membre du gouvernement israélien et qu'il commençait à coopérer avec les agents fédéraux. Franklin était prêt à conduire les autorités jusqu'à ses contacts au sein du gouvernement israélien. Après cela, Franklin cessa de coopérer. Abe Foxman, de la ligue contre la diffamation [Anti-Defamation League] (un groupe de pression juif pro-israélien de premier plan), réclama la nomination d'un procureur spécial pour enquêter sur les "fuites" relatives à l'enquête du FBI, au prétexte qu'elles "ternissaient" l'image d'Israël.

Ensuite, le ministre de la justice, John Ashcroft, intervint pour tenter de freiner l'enquête qui se répandait à l'intérieur du nid de néocons du Pentagone ; Douglas Feith, Paul Wolfowitz, Richard Perle et Michael Rubin furent "interviewés" par le FBI. Le néocon Michael Rubin, ancien spécialiste du Pentagone sur l'Iran et "spécialiste" permanent à l'
American Enterprise Institute, a descendu Bush en flammes pour son "inaction dans cette affaire d'espionnage". Il a déclaré que cette enquête était "une chasse aux sorcières antisémite" (Forward, 10 septembre 2004). L'AIPAC a lancé une campagne contre cette enquête et pour soutenir ses activités et ses dirigeants. Résultat : quantité de membres importants du Congrès des deux partis se sont portés garants de l'intégrité de l'AIPAC et ont témoigné leur confiance et leur soutien à l'AIPAC.

Jamais, dans toute l'histoire des Etats-Unis, il n'y a eu autant de membres importants des deux partis au sein du Congrès qui ont témoigné leur soutien à une organisation soupçonnée d'espionnage, en se basant sur la seule information fournie par le suspect et en ignorant totalement le dossier du procureur fédéral. Contrairement au soutien bipartisan du Congrès à l'AIPAC, un sondage effectué auprès d'un panel d'électeur a montré que 61% d'entre eux pensaient que l'on devrait demander à l'AIPAC de s'inscrire en tant qu'agent d'une puissance étrangère et qu'il perde son statut l'exemptant de taxes. Seuls, 12% étaient en désaccord. Parmi les Américains juifs, 59% ne savaient pas, tandis que 15% étaient fermement d'accord et 15% fermement en désaccord (Zogby International, 25 septembre 2004). Il est clair que de nombreux Américains, contrairement à leurs représentants élus, émettent de sérieux doutes quant à la loyauté de l'AIPAC et à la nature de ses activités. Sachant qu'elle était soutenue par la grande majorité des citoyens américains, l'enquête fédérale pour espionnage s'est poursuivie malgré l'opposition de l'Exécutif et du Congrès.

Décembre 2004 : le FBI assigne à comparaître devant un
grand jury quatre cadres supérieurs de l'AIPAC et fouille le bureau à Washington du lobby pro-israélien pour rechercher des documents additionnels sur Rosen et Weissman.

L'AIPAC continue de nier tout méfait et déclare : "Ni l'AIPAC, ni aucun membre de notre personnel, n'ont enfreint la loi. Nous pensons que tout tribunal ou grand jury conclura que les employés de l'AIPAC ont toujours agi légalement, correctement et de façon appropriée" (AIPAC, le 1er décembre 2004). Pourtant, après quelques mois d'enquête et l'arrestation des deux principaux dirigeants, l'AIPAC a mis fin à leur emploi et quelques mois plus tard, il a cessé de payer leurs frais de défense. De la même manière, les démentis catégoriques d'Israël pour espionnage se sont évaporés lorsque les vidéos et les transcriptions sur leurs agents de renseignements qui avaient reçu des documents classifiés ont fait surface.

Janvier 2005 : Un grand jury est convoqué. Tandis que l'enquête d'espionnage du FBI s'étend aux recoins intimes entre l'AIPAC et le Pentagone, les supérieurs de Franklin — l'espion qui s'était confessé —, Paul Wolfowitz et Douglas Feith, annoncent leur soudaine démission des postes de numéros 2 et 3 du Pentagone.

Février 2005 : Bush annonce que l'ancien criminel reconnu coupable, défenseur des escadrons de la mort en Amérique Centrale et fanatique sioniste de longue date, Elliott Abrams, va être en charge de la politique au Moyen-Orient au Conseil de Sécurité Nationale. Abrams servira de canal pour adresser les politiques israéliennes à la Maison-Blanche et de source quotidienne pour les décisions et les discussions politiques les plus importantes. Apparemment, Abrams était assez malin pour garder ses distances avec les opérations Franklin/Feith et AIPAC/Ambassade d'Israël et négociait directement avec Ariel Sharon et son chef d'état-major, Dov Weinglass.

Avril 2005 : l'AIPAC licencie Rosen et Weissman, sous prétexte que leurs activités n'étaient pas conformes aux normes de l'organisation.

4 mai 2005 : Franklin est arrêté sur l'accusation d'avoir révélé illégalement une information hautement classifiée à deux employés d'un lobby pro-israélien.

22-24 mai 2005 : Bien que l'AIPAC soit citée dans une inculpation majeure pour espionnage impliquant Steve Rosen — le chef de son département de politique étrangère — et Keith Weissman — le chef du bureau à l'Iran — la Secrétaire d'Etat, Condoleeza Rice, prononce le discours principal lors de la Convention de l'AIPAC. Des chefs de file du Congrès ainsi que des dirigeants des partis Républicain et Démocrate y ont aussi fait des discours, déclarant leur soutien inconditionnel à l'AIPAC, à Israël et à Ariel Sharon. La liste comprenait la Sénatrice Hillary Clinton, le chef de la majorité au Sénat Bill Frist (Républicain) et le chef des Démocrates au Sénat Harry Reid. Si l'on se base sur la participation de l'année précédente, plus de la moitié du Sénat américain et un tiers des membres du Congrès y aurait participé.

13 juin 2005 : une inculpation étendue cite nommément l'AIPAC et un "pays étranger" (Israël), ainsi que son agent du Mossad, Naor Gilon, qui s'est entre temps enfui vers Israël.

Il est clair que l'AIPAC, avec 60.000 membres aisés et 60 millions de dollars de budget annuel, avait plus d'influence sur l'attitude politique de l'Exécutif américain, des partis politiques et des représentants élus qu'une inculpation fédérale impliquant ses dirigeants, pour espionnage au profit d'Israël. Y aurait-il des fondements pour accuser nos dirigeants politiques de "complicité d'espionnage" si les dirigeants de l'AIPAC étaient reconnus coupables ?

4 août 2005 : Paul McNulty du Département de la Justice reconnaît formellement les dirigeants de l'AIPAC, Steven Rosen et Keith Weissman coupables d'avoir reçu et transféré des documents hautement confidentiels à l'Etat d'Israël par l'intermédiaire de son ambassade à Washington. Leur procès est prévu pour le 25 avril 2006. Le procès de Franklin devait se dérouler le 2 janvier 2006 mais il a été repoussé. Franklin a coopéré avec le FBI et le Département de la Justice dans leurs investigations sur l'AIPAC et les
'Israël Firsters' du Pentagone qui ont préparé l'invasion de l'Irak et les plans additionnels d'attaquer l'Iran. Ces inculpations sont basées sur une enquête prolongée. L'AIPAC était visé par l'enquête dès 2001, tandis que l'inculpation de Rosen et de Weissman cite des activités illégales depuis avril 1999.

Après que Rosen et Weissman furent placés sous enquête fédérale intensive en tant que co-conspirateurs dans l'affaire d'espionnage Franklin, l'AIPAC décida d'enrayer ses pertes et de couvrir ses arrières en les jetant par-dessus bord : l'AIPAC les vira en mars 2005, prétendant que leur "conduite ne faisait pas partie de leurs attributions, et qu'elle était en dessous des standards demandés aux employés de l'AIPAC" (Forward, 23 décembre 2005). En effet, l'AIPAC s'est servi de Rosen et de Weissman comme "lampistes" afin de se débarrasser d'une enquête fédérale plus approfondie sur ses activités. De plus, l'AIPAC a cessé de payer les avocats de Rosen et de Weissman, les laissant avec près d'un demi-million de dollars de frais juridiques. L'AIPAC n'a pas l'intention de payer les frais tant que le procès n'est pas terminé, pas par manque de moyens (ils ont levé plus de 60 millions de dollars en 2005 et sont exemptés de taxes) mais pour des raisons politiques. L'AIPAC veut voir comment le procès se déroule : s'ils sont acquittés, il sera alors sans danger de payer leurs avocats. Mais s'ils sont déclarés coupables, alors l'AIPAC refusera de payer (avançant les technicités du règlement intérieur de l'organisation) afin d'éviter d'être impliqué avec des espions reconnus coupables. Les dirigeants de l'AIPAC placent les intérêts de leur organisation et leur capacité à faire la promotion des intérêts d'Israël auprès du Congrès et des médias au-dessus de la loyauté à leurs anciens officiels.

Risquant jusqu'à 10 ans d'emprisonnement fédéral, confrontés à des accusations détaillées, bien documentées, basées sur des écoutes téléphoniques, des vidéos et le témoignage d'un espion auto-confessé, Franklin, leur contact au Pentagone, Rosen et Weissman ripostent avec une véhémence inattendue.

On s'attend à ce que les avocats de la défense plaident que recevoir une information de la part d'officiels de l'administration était quelque chose pour laquelle ils étaient tous deux payés et encouragés à faire et quelque chose que l'AIPAC fait régulièrement (Forward, le 23 décembre 2005). En d'autres termes, Rosen et Weissman diront que soutirer des mémos confidentiels à de très hauts fonctionnaires du gouvernement et de les repasser à des fonctionnaires israéliens était une pratique habituelle parmi les agents de l'AIPAC. Pour renforcer leur dossier consistant à dire qu'ils "suivaient juste les ordres de l'AIPAC", les avocats de Rosen et de Weissman assigneront à comparaître les dirigeants de l'AIPAC pour témoigner devant la cour à propos de l'accès qu'ils ont eu dans le passé à des documents confidentiels, de leurs contacts avec des fonctionnaires haut-placés et de leur collaboration avec des fonctionnaires de l'Ambassade d'Israël. De tels témoignages auraient toutes les chances de donner une exposition tant nationale qu'internationale au rôle que l'AIPAC a joué en tant que courroie de transmission à deux sens, de et vers Israël.

Si Rosen et Weissman réussissent à lier l'AIPAC à leurs activités et s'ils sont reconnus coupables, cela ouvrira une enquête fédérale bien plus vaste sur le rôle de l'AIPAC dans l'assistance et la complicité de comportements criminels pour le compte de l'Etat d'Israël. Durant les deux années ou presque où Rosen et Weissman ont été publiquement suspectés d'espionnage, l'AIPAC a réussi à repousser toute publicité hostile en mobilisant des dirigeants politiques, des chefs de parti et des membres haut-placés de l'administration Bush pour témoigner en public en leur faveur. L'AIPAC a laissé tomber Rosen et Weissman et a persévéré à aligner le Congrès américain avec l'agenda de guerre d'Israël contre l'Iran. Et ensuite, à brûle-pourpoint, Rosen et Weissman menacent de faire tomber leur couverture "nous ne sommes qu'un simple lobby" travaillant à la promotion des intérêts mutuels américains et israéliens en matière de sécurité.

La défense de Rosen et de Weissman fera certainement ressortir le fait que l'AIPAC n'a, à aucun moment, informé leurs employés sur ce que la Loi dit en matière d'obtention et de transfert d'information hautement confidentielle à une puissance étrangère. Weissman et Rosen plaideront qu'ils ne savaient pas que le fait de recevoir une information confidentielle de la part de fonctionnaires de l'administration et de les remettre à Israël était illégal puisque tout le monde le faisait. Ils argumenteront aussi que leur prétendue activité d'espionnage n'était pas une 'opération véreuse' qu'ils avaient menée indépendamment de l'organisation, mais qu'elle était connue et approuvée par leurs supérieurs. Ils se référeront aux procédures de reporting de l'AIPAC.

Selon un ancien employé de l'AIPAC ayant des liens avec l'actuelle direction de l'organisation, Rosen et Weissman sont perçus comme ayant agi "comme Samson essayant de faire s'écrouler la maison sur tout le monde" (Forward, le 23 décembre 2005).

"Tout le monde" qui est impliqué dans l'exploitation de la richesse, de la puissance et des forces militaires des Etats-Unis pour servir les intérêts expansionnistes d'Israël. Ce qui a commencé comme un procès d'espionnage à petite échelle, pas différent d'autres procès récents, est en train de croître en une cause célèbre [en français dans le texte] majeure, impliquant le lobby le plus puissant parmi ceux qui influencent toute la direction de la politique au Moyen-Orient. Si Rosen et Weissman sont reconnus coupables et s'ils plaident réellement qu'ils suivaient les ordres et qu'ils informaient l'AIPAC de leurs activités criminelles, il est possible que cela écarte de nombreux et riches donateurs et activistes juifs. Peut-être que cela jettera un peu de honte sur les politiciens qui font des courbettes et s'abreuvent dans l'auge de l'AIPAC. Avec un AIPAC affaibli et des alliés au gouvernement peu enclins de continuer à "faire la liaison" avec les renseignements israéliens sur la politique au Moyen-Orient, il est possible qu'un débat libre et ouvert, basé sur les intérêts des Etats-Unis, prenne place. Avec un débat public relativement libre des contraintes imposées par les lobbies et les idéologues d' "Israël d'abord", peut-être l'opposition du public américain aux guerres et aux occupations du Moyen-Orient pourra-t-elle devenir le discours dominant au Congrès, voire même à l'Exécutif. Peut-être que les 3 milliards de dollars et plus d'aide étrangère annuelle au bénéfice d'Israël — plus de 5 milliards en tout — peuvent être réalloués vers la reconstruction de toutes les villes industrielles ravagées du Michigan, de la partie Nord de l'Etat de New York et d'ailleurs.

* * *

Ancien professeur de sociologie à l'Université de Binghamton, dans l'état de New York, James Petras reconnaît ses 50 années d'adhésion à la lutte des classes. Conseiller des sans-terre et des sans-emploi au Brésil et en Argentine, il est co-auteur de "Globalization Unmasked" [LA Globalisation Démasquée].

1 Voir Qui est Michael Ledeen ?

Sources : Questions critiques

Posté par Adriana Evangelizt

Publié dans MOSSAD AUX USA

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